Dans la gorge

L'automne a été sec jusqu'à présent et en descendant près des ruisseaux on peut voir à quel point ce qui cet été coulait continuellement, a perdu de la force et commence à stagner.
Pourtant les feuilles mortes ne craquent pas sous les pieds dans ces endroits humides et la chaussure doit bien accrocher sur les roches glissantes afin d'éviter la chute.

Le froid matinal ne disparait que vers midi, et lorsque le soleil arrive à percer les feuillages encore denses, l'eau passe brusquement du bleu au roux. Les feuilles s'accrochent entre elles et résistent au faible courant. A certains endroits elles semblent nager dans un bain d'or, préparé par un alchimiste.

Le temps passe sans que je ne m'en rende compte. Malgré mes doigts engourdis par le froid et l'humidité je suis envoûtée par le lieu. 
Plus tard, en sortant de cette gorge, l'air chaud de cette belle après-midi m'a réchauffée d'un seul coup et c'était comme si j'émergeais de loin, très loin... des profondeurs de la terre...